Récit

Fonds MiJoRiJa : un espoir pour les jeunes réfugiés qui ont un rêve

2021

Les jeunes réfugiés en exil doivent grandir rapidement. Mais ils restent avant tout des enfants qui ont des rêves. À Athènes, l’ONG Faros leur rend l’espoir dont ils ont été privés, avec le soutien du Fonds MiJoRiJa, géré par la Fondation Roi Baudouin. “Ces jeunes ont tellement de potentiel. Ils doivent avoir l’occasion de le montrer”, estime Rik Jans, l’initiateur du Fonds.

Ce n’est pas un hasard si l’entrepreneur Rik Jans a souhaité agir en faveur des jeunes réfugiés et migrants. En tant que chef d’entreprise dans le Limbourg, il a en effet eu l’occasion de travailler avec des personnes issues de l’immigration. Et en Serbie, où il a co-dirigé une entreprise de transformation métallique, il a vu jusqu’où certaines personnes sont prêtes à aller pour avoir une vie meilleure. “À deux reprises, on nous a signalé la présence de migrants en transit dans nos camions”, dit-il.

“Je l’observe chaque jour en Serbie,” poursuit Rik Jans. “Les réfugiés et les migrants ont beaucoup de compétences, mais ils ne trouvent pas leur place ici. Moi, j’ai eu des opportunités dans la vie et je les ai saisies. À présent, je veux en donner à d’autres. Je veux que les talents de ces jeunes ne se perdent pas.” Sur les conseils de son banquier, Rik Jans s’est adressé à la Fondation Roi Baudouin. Le Fonds MiJoRiJa (Migratie Jongeren Rik Jans) représente son legs à la société.

Compétences

Jusqu’à présent, le Fonds a déjà soutenu trois projets : Integra en Italie, SheDidIt en Belgique et Faros en Grèce. Avec le centre de formation Faros Horizon Center Design Program, l’ONG basée à Athènes fait exactement ce que Rik Jans ambitionne : aider de jeunes réfugiés et migrants à exploiter leur potentiel. “Depuis la crise des réfugiés, la Grèce est devenue une destination finale pour de nombreux migrants en transit,” dit Dan Biswas, cofondateur et directeur de Faros. Le pays compte aujourd’hui près de 5.000 réfugiés mineurs non accompagnés.

“Faros les aide à acquérir des compétences qui leur permettront de s’intégrer dans la société”. L’ONG collabore avec le célèbre MIT (Massachusetts Institute for Technology) qui, avec son D-Lab, initie les jeunes à la capacité de résolution de problèmes au moyen de formations pratiques telles que la menuiserie, l’impression 3D et l’électromécanique. “Ce sont des compétences qu’ils peuvent appliquer non seulement dans un milieu de travail, mais aussi dans leur vie.”

Pensée innovante et créative

L’approche a tout de suite rencontré un vif succès. “Nous avions commencé par un cours d’été en 2017. Les garçons et les filles étaient déjà ici à 8h du matin et ne voulaient pas partir avant 16h. On ne voyait pas cela avec les cours ordinaires. Cette méthode est souple et créative, c’est comme faire une construction en Lego.” De plus, elle donne à ces jeunes un avantage compétitif sur le marché de l’emploi. Le chômage des jeunes est encore très élevé en Grèce et les jeunes réfugiés ont des trous dans leur CV. Les compétences qu’ils acquièrent avec le D-lab – capacité à résoudre des problèmes, pensée innovante et créative – sont cruciales dans la vie professionnelle. “Nous travaillons à présent à créer des places de stage et des emplois d’insertion.”

Faros veille aussi à ce que, même après leur majorité, ces jeunes ne s’égarent pas dans le système. “L’âge de 18 ans est un tournant”, dit Dan Biswas. “Les jeunes n’ont plus accès à beaucoup de services alors qu’ils ont encore besoin d’aide. Ils n’y sont pas préparés. Avec notre organisation, nous faisons le lien.” Faros élabore pour chaque jeune un plan global, comprenant formation, soutien psychologique et assistance pratique. “Grâce entre autres au Fonds MiJoRiJa, nous pouvons avoir un programme ambitieux pour ces jeunes.”

Résilience en période de COVID-19

La crise du coronavirus a encore démontré à quel point ces mineurs étaient résilients. “Ils souffrent beaucoup moins du stress que les adultes.” Et pourtant, ils n’ont pas la vie facile durant cette période particulière. Comme toutes les organisations, Faros a dû adapter son fonctionnement. “Les premières semaines, nous nous sommes concentrés sur leur bien-être psychosocial. Nous leur téléphonions chaque jour pour vérifier que tout allait bien.”

L’information a aussi été renforcée. Grâce au Fonds MiJoRiJa, Faros a pu recruter un collaborateur à temps partiel pour assurer la communication externe – avec une vidéo de sensibilisation sur la vie des réfugiés mineurs non accompagnés pendant la crise du Covid-19 – et la communication avec les jeunes eux-mêmes, entre autres via les réseaux sociaux.

Les cours physiques ont été suspendus pendant le confinement en Grèce et ont été remplacés par des tutoriels en ligne réalisés par les étudiants du MIT. “Supprimer ces cours n’a pas été évident, car il s’agit d’une formation très physique, avec beaucoup de matériel. Nous apprenons par la pratique. Les étudiants du MIT ont réalisé des vidéos qui ont permis à nos jeunes de travailler avec ce qu’ils pouvaient trouver chez eux.”

Impact

"Les réfugiés et les migrants ont de nombreuses compétences. Je ne veux pas voir se perdre le talent de ces jeunes."
Rik Jans
Fondateur du Fonds MiJoRiJa

Les cours en présentiel ont en partie repris pour certaines formations spécifiques – en petits groupes, les filles le matin, les garçons l’après-midi. D’autres étudiants ont reçu une boîte à outils avec du matériel et des tâches à réaliser chez eux. Ils se retrouvent ensuite en petits groupes pour un feedback. D’autres cours encore sont donnés en ligne. "Pendant le confinement, certains jeunes qui avaient auparavant trouvé refuge chez Faros avant d’émigrer dans d’autres pays se sont connectés pour suivre le D-Lab en ligne. “Cela ouvre aussi de nouvelles perspectives pour cette population mobile.”

Rik Jans peut être satisfait : ce programme a un énorme impact sur les jeunes formés par Faros. “Durant les cours d’été que nous avons organisés en 2017, il y avait un jeune afghan qui voulait devenir ingénieur. Quand il a dû s’exiler, son rêve est tombé à l’eau. ‘Je veux faire plus de ma vie que simplement vivoter dans la rue’, nous a-t-il dit. Nous redonnons de l’espoir à des jeunes comme lui.”

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