Île de Montclar Poète
Sauvegarde de l'île Montclar Poète, située dans le village de Poupehan dans la vallée de la Semois.
De quoi s’agit-il ?
La Fondation Roi Baudouin est propriétaire de trois îles sur la Semois grâce à des généreux donateurs qui ont institué en son sein « le Fonds des Iles de la Semois ». Ce Fonds a pour mission de veiller à la sauvegarde des îles de Bohan, de la Vanne Cunin et de Montclar Poète. Les deux premières îles se situent dans la commune de Vresse-sur-Semois, la troisième à Poupehan dans la commune de Bouillon. La Semois ne compte pas moins de 80 îles dont les superficies varient de quelques mètres carrés à plus de 2 hectares. Ces surfaces varient continuellement au gré des crues (érosions dans certaines zones, dépôts de sédiments et de graviers dans d’autres).
« En rendant à la rivière son espace de liberté, ne faudrait-il pas accepter que celle-ci soit en constante évolution tant au niveau de la forme des méandres qu’au niveau des îles et bras-morts ? »
2022, Rosillon, Semois nature « Une rivière pas comme les autres », tome 2.
Historique
Dès les origines du village, il semble que l’île soit associée à l’histoire de Poupehan et de ses habitants. Sur les cartes du dépôt de la Guerre (1865-1880), l’île est une prairie. Un pont en bois permettait déjà de traverser la Semois à sec et un moulin se trouvait en berge droite de la rivière. Celui-ci était alimenté par un bief (canal de dérivation qui conduit les eaux) qui débutait au niveau de la pointe amont de l’île et se jetait dans la Semois après le pont. Il y avait donc deux îles jusqu’au comblement du bief. Ce moulin banal à farine a été en activité de 1616 jusqu’à la première guerre mondiale. Le bâtiment a disparu mais il a laissé son nom à plusieurs lieux du village : l’auberge « Le Vieux Moulin », le « Camping Du Vieux Moulin » qui est maintenant devenu « Au petit BENgneur » et à l’île « île du Moulin ». De son côté, le pont en bois a été remplacé par un pont en pierre en 1886. Celui-ci a été détruit en 1940 par les Français pour bloquer l’avancée des Allemands. Les Popinots ont alors construit une passerelle en attendant la reconstruction du pont en pierre en 1955.
Durant la première moitié du 20ème siècle, l’île de Poupehan était fauchée ou cultivée. Un barrage temporaire était construit entre l’île et une pile du pont par les Poupinots pour le flottage du bois. Avec la déprise agricole, l’île s’est progressivement boisée et des essences exotiques ont été plantées (thuyas, mélèzes, platanes, marronniers, …). L’île a ensuite servi comme terrain d’accrobranche. Les structures installées dans les arbres les ont endommagés. Cette activité était illégale et a fait l’objet d’une condamnation en 2009. En 2011, la Fondation Roi Baudoin a reçu l’île en donation avec comme unique condition des précédents propriétaires de la nommer « île Montclar poète ».
Gestion
Depuis 2014, la Fondation Roi Baudouin a pour projet de rendre à l'île son aspect historique lié au fauchage qui y était pratiqué jadis. Cette gestion permet de lutter contre les espèces exotiques envahissantes, dont l'abondante balsamine de l'Himalaya. Des fauchages tardifs favorisent la réapparition d'espèces à plus grande valeur biologique. Le projet de restauration du fauchage et le mauvais état sanitaire des arbres a nécessité un déboisement important de l'île en 2018. Seuls certains arbres sains ont été préservés. L’île est classée comme site de grand intérêt biologique et est séparée en deux unités de gestion Natura 2000. La parcelle en aval de l’île est gérée en tant que « milieu ouvert prioritaire » tandis que la parcelle en amont est une « forêt prioritaire alluviale ». Durant l’été 2024, le Parc national de la Vallée de la Semois a réalisé un inventaire botanique de l’île et a identifié 89 espèces différentes.
Source d’inspiration artistique
Le village typiquement ardennais de Poupehan, avec sa Semois, son pont et son île, a inspiré de nombreux peintres comme le Bouillonnais Pierre Clouet. Cette vue panoramique estle fruit d’une commande réalisée vers 1946 à la demande d’un magasin bruxellois spécialisé dans la vente exclusive du tabac de la Semois. Poupehan était alors un centre de production important. L’île apparait également sur les peintures du Corbelot Christian Brasseur, du Vressois Albert Raty, du Montois Gustave Camus et du dessinateur de bande dessinée Joseph Gillain dit Jijé dont la maman était originaire de Corbion.
Sources
- Yvon Barbazon, Communication personnelle.
- Peter Lenain, Communication personnelle.