Récit

Soutenir le rôle clé des directions d’école

Améliorer la performance et l’équité du système éducatif en vue d’un double objectif : augmenter le taux de réussite des élèves et le bien-être de chacun·e sein de l’école. Telle est l’ambition d’un large programme de coaching destiné à renforcer les compétences de leadership des directions d’établissements scolaires. Une réussite depuis 2014, mise en place et soutenue par la Fondation Roi Baudouin.

"Je suis mon premier outil de travail. Je me dois d’aller bien pour assurer un pilotage efficace", affirme Brigitte Garré. Entre 2014 et 2016, la directrice de l’école fondamentale Saint-Joseph à Evere a bénéficié d’un coaching sur mesure émanant duprogramme de la Fondation Roi Baudouin visant à développer et améliorer les compétences de leadership des directeurs et directrices d’établissements scolaires. Sa première motivation pour y participer: augmenter les statistiques de réussite au CEB de son école. Défi relevé puisqu’en l’espace de trois ans, le taux positif a grimpé de 50% à plus de 90%.

Un constat: des directions d’école peu formées au leadership

Lucy Van Hove, coach, chercheuse et professeure à la Solvay Brussels School of Economics and Management a embarqué dans le projet dès ses débuts, en 2014. "J’ai été frappée par la solitude des directions d’école. Chacune a des responsabilités énormes, comparables à celles d’un·e leader d’une petite – ou même moyenne – entreprise. Toutes les personnes en charge font preuve d’un grand dévouement, mais souffrent, pour la plupart, d’un manque de formation et de reconnaissance, tant salariale que sociétale. Beaucoup risquent l’épuisement physique ou mental", explique-t-elle. Dans la première phase du programme, une vingtaine de directions ont bénéficié du soutien de coachs professionnel·les avant que Lucy Van Hove ne conçoive une formation au coaching étalée sur un an et demi, destinée à 170 conseillers et conseillères en soutien et en accompagnement (CSA) afin qu’ils et ellespuissent, à leur tour, proposer du coaching aux directions. "L’idée était d’augmenter l’impact du projet et de pérenniser la démarche", poursuit-elle.

Du conseil à l’émergence d’une solution

Chaque réseau bénéficie donc de ses coachs internes. "Beaucoup de CSA ont été enseignant·e ou même directeur, directrice. Le réflexe était souventd’apporter des conseils. Mais cela ne conduit pas à l’autonomie. Aujourd’hui, la posture de coach nous permet d’accompagner une personne en panne d’idées ou de ressources à trouver elle-même la solution appropriée. C’est beaucoup plus juste et efficace", explique Hélène Gutt, CSA et coach au sein de la FELSI (Fédération des Établissements Libres Subventionnés Indépendants). Parmi les problématiques posées, de nombreuses questions relationnelles: "Comment gérer ce conflit entre enseignant·es?", "Comment poser le cadre?", "Comment réagir face à ce parent?". Autant d’interrogations qui demandent "d’aller chercher la question fondamentale derrière la question posée", souligne-t-elle.

Quatre dimensions fondamentales du leadership en milieu scolaire

Pourquoi avoir opté pour du coaching et non des cycles de conférence sur le sujet? "Il est prouvé scientifiquement qu’il s’agit de la démarche la plus efficace pour développer sa posture et la qualité de son leadership, parce qu’elle propose un accompagnement individuel, sur mesure, à l’objectif ciblé et au timing adapté. Le coaching permet, de ce fait,un changement durable et en profondeur", explique Lucy Van Hove. Nombreuses sont les qualités requises d’un·e directeur, directrice d’école. "La patience et l’écoute, une certaine dose d’inconscience et une vocation pédagogique", souligne Hélène Gutt. Mais quatre dimensions apparaissent aussi fondamentales: "On attend d’une direction qu’elle puisse développer les compétences et la motivation de l’ensemble de ses équipes, animer le changement, stimuler le travail collaboratif entre enseignant·es, et enfin, insuffler un climat scolaire ouvert et bienveillant. Face à ces différents défis, le coaching permet à une direction de gagner en efficacité et en sérénité", résume Lucy Van Hove.

Se préparer au plan de pilotage

"Je me vois comme un parachute qui se positionne au-dessus de mes enseignant·es pour leur permettre de se concentrer sur leurs élèves. Pendant le coaching, j’ai appris à lâcher prise et à recadrer mes priorités. Cela m’a aussi aidée à poser les jalons pour que la collaboration soit une réalité entre mes enseignant·es et je remarque d’ailleurs une grande diminution du taux d’absentéisme des professeur·es", constate Brigitte Garré. Définir des objectifs, stimuler la collaboration, rendre plus efficaces et autonomes les établissements scolaires sont justement parmi les lignes imposées par le Pacte pour un enseignement d’excellence. "Chaque école va devoir établir son propre plan de pilotage définissant ses priorités. Le coaching peut être une aide pour accompagner la mise en œuvre de ces changements de fonctionnement", explique Lucy Van Hove.

Insuffler plus de performance et d’équité

"On attend d’une direction qu’elle puisse relever de nombreux défis. Le coaching lui permet de gagner en efficacité et en sérénité."
Lucy Van Hove, coach, chercheuse et professeure à la Solvay Brussels School of Economics and Management.

"Il est parfois difficile de dégager du temps pour une séance de coaching tant on peut avoir le nez dans le guidon. Mais ce temps de réflexivité m’a fait tant gagner en efficacité", avoue Brigitte Garré. En poste depuis 7 ans, elle récolte les fruits de son investissement. "Je me lève le matin pour que l’école soit une chance pour tous les enfants", confie-t-elle. Cette notion d’équité est essentielle au programme. Pour la directrice, celaa nécessité un accompagnement et une formation de son équipe enseignante. "Il est primordial que mes professeur·es continuent d’être innovant·es et de se former pour prendre du recul, échanger avec d’autres, mais aussi pour se rendre compte du niveau d’attente émanant de l’extérieur", conclut-elle. La mise en place d’accompagnements différenciés pour les élèves fait notamment partie des évolutions de son école. Une démarche positive qui influe sur la réussite de nombreux et nombreuses élèves. "Chaque enfant est unique et l’excellence est singulière pour chacun·e", conclut-elle.

À propos du programme visant à renforcer les compétences de leadership des directions d’écoles

Depuis 2014, la Fondation Roi Baudouin mène un programme d’accompagnement et de coaching destiné à développer et améliorer les compétences de leadership des directions d’établissements scolaires. Objectif : améliorer le climat d’apprentissage et, à terme, les résultats scolaires de tous les élèves. Un rôle clé pour contribuer à la qualité et à l’efficacité du système éducatif, réaffirmé par le Pacte pour un enseignement d’excellence. Le programme s’est d’abord adressé aux directions d’école, avant de cibler les conseillers pédagogiques afin que ceux-ci soient capables, à leur tour, de soutenir la posture de leadership des directions de leur réseau. La Fondation a également édité une publication qui tire les enseignements de cette expérience et émet des recommandations pour renforcer le leadership des directions d’écoles. Plus d’infos : www.kbs-frb.be

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