Sportswitch : LA recyclerie pour les vêtements de sport

Grâce à un coup de pouce du Fonds ING pour une Économie plus circulaire, géré par la Fondation Roi Baudouin, Sportswitch a vu le jour début 2022. En rendant les vêtements de sport accessibles à tou.te.s, l’asbl contribue à la santé - non seulement physique, mais aussi mentale - des Bruxellois.e.s. Et c’est aussi bénéfique pour la planète.

Il y a dix ans, des primo-arrivants ont fondé l’asbl Les Gazelles de Bruxelles, en collaboration avec des organisations sociales. Depuis lors, ils organisent des entraînements de jogging hebdomadaires, avec le sport et la rencontre comme fil conducteur. “Des personnes d’origines sociale et culturelle différentes apprennent à se connaître par le biais du sport. Cela réduit le fossé entre leurs univers”, explique Fran Verwimp, responsable du projet Sportswitch à l’asbl Les Gazelles de Bruxelles. “Le sport contribue à une bonne santé physique et favorise aussi le bien-être mental. En participant à des compétitions, par exemple, les membres développent leur confiance en eux, mais les réseaux qui se créent lors des entraînements favorisent aussi leur promotion sociale”. Le sport permet aussi de dépasser les barrières linguistiques, “comme l’a montré la rencontre entre un Russe qui a récemment fait une demande d’asile et Moussa, un membre francophone. Tous deux sont de fervents marathoniens.”

Bien que les entraînements des Gazelles soient gratuits, l’achat d’équipements de sport reste un obstacle. “L’asbl avait un petit service de prêt, mais la Vlaamse Gemeenschapscommissie (VGC) a remarqué que certaines personnes ne participaient pas aux activités sportives parce qu’elles n’avaient pas le bon équipement. Lorsque nous avons lancé l’idée d’un service de prêt d’articles de sport, la VGC a donc tout de suite été séduite”, poursuit Fran Verwimp.

Du service de prêt au magasin

Dans leur quête de moyens, Les Gazelles ont notamment introduit un dossier dans le cadre de l’appel à projets du Fonds ING pour une Économie plus circulaire, géré par la Fondation Roi Baudouin. “Le soutien que nous avons obtenu nous a permis de lancer Sportswitch et d’aménager le magasin. Celui-ci se trouve, de même que les bureaux et le stock, dans un local au centre communautaire Nekkersdal à Laeken, dont nous disposons grâce à la VGC”. Si le plan initial était de créer un service de prêt, Sportswitch a rapidement évolué vers un magasin de seconde main. “Les gens préfèrent posséder leurs propres vêtements. L’hygiène est un critère important, surtout pour les vêtements de sport. Et d’un point de vue logistique, il est aussi plus simple de gérer un magasin qu’un système de prêt”, ajoute Fran Verwimp.

Sensibilisation

Un an et demi après son lancement, Sportswitch a développé un solide réseau. Pour récolter des vêtements de sport, les initiateurs font appel aux particuliers, qui peuvent faire don de leurs articles dans l’un des huit points de collecte répartis dans la Région bruxelloise. À cela s’ajoutent occasionnellement des sportifs professionnels qui trouvent le chemin de Sportswitch. “Nous avons aussi déjà reçu des vêtements de sport d’Oxfam, du magasin Décathlon d’Anderlecht, de HOKA et de Triathlon Vlaanderen. Des enfants bruxellois en ont profité par l’intermédiaire de l’asbl L’Interstice, située à proximité”, poursuit Fran Verwimp. “Le fait que de grands acteurs veulent protéger leurs marques et préfèrent incinérer leurs surplus plutôt que d’en faire don constitue un défi pour l’avenir.”

Outre la collaboration avec des organisations de lutte contre la pauvreté qui envoient des personnes ou même des groupes entiers chez Sportswitch, de nombreux particuliers viennent aussi y faire leurs achats. Fran Verwimp : “Nous accueillons tout le monde. Les bénéficiaires d’une allocation majorée ou les sans-papiers peuvent choisir gratuitement un équipement d’une valeur de 20 euros par membre du ménage. Pour les autres, ce sont les prix affichés, très accessibles, qui s’appliquent. Il y a aussi des prix de soutien pour les personnes qui veulent et peuvent nous aider. Plus de 2.000 pièces ont déjà été écoulées à ce jour, allant de chaussures de golf à des maillots de bain”.

“Même si nous nous adressons en priorité à des personnes en situation de pauvreté, nous voulons aussi sensibiliser davantage à la durabilité des vêtements de sport – d’autant plus que ceux-ci sont souvent fabriqués avec des matières polluantes. C’est pourquoi, nous nous rendons régulièrement à des évènements ou dans des écoles pour présenter notre projet aux jeunes. Le fait que les vêtements de sport soient ‘tendance’ facilite les choses.”

Ancrage durable

En plus de favoriser une relation écologique avec notre monde matériel, Sportswitch cherche aussi à créer des relations sociales durables. “Tout comme avec Les Gazelles, nous incitons les personnes à développer leurs talents. Un de nos participants est ainsi devenu un de nos collaborateurs, et maintenant, même, un coach. Un volontaire autiste fait aussi un stage chez nous. Grâce à son amour du sport et aux rencontres humaines, il se sent ici comme un poisson dans l’eau. À l’école aussi, il s’est complètement épanoui”, raconte Fran Verwimp.

Afin de pérenniser son fonctionnement, Sportswitch souhaite que sa reconnaissance en tant qu’entreprise d’économie sociale soit transformée en mandat. “Pour l’instant, nos collaborateurs sont payés sous le statut ‘article 60’ du CPAS. Étant donné que nous réalisons ce travail d’insertion socio-professionnelle – et que nous permettons aux personnes de développer des compétences supplémentaires – nous voulons demander un mandat. Cela réduirait notre dépendance aux subsides liés à des projets et stimulerait notre croissance”, dit Fran Verwimp. “En même temps, nous investissons constamment dans de nouveaux projets. Nous travaillons ainsi à un projet d’upcycling avec Femma Quartier ainsi qu’avec la créatrice de mode Kenza Vandeput, de Kasbah Kosmic.”