
Aide à la réussite : le programme Boost, vu par les enseignant.e.s
Younes Boutara, ‘chasseur’ de jeunes têtes bien faites
Depuis 2011, près d’un millier de jeunes talentueux et motivés dans neuf villes belges ont déjà bénéficié du programme de développement des talents Boost, coordonné par la Fondation Roi Baudouin. Objectif : permettre à ces jeunes issus de milieux fragilisés de déployer pleinement leur potentiel et de maximiser leurs chances de réussite académique et professionnelle. Partenaires incontournables du programme, les enseignant.e.s en sont les premiers ambassadeurs et ambassadrices dans les écoles, auprès des futur.e.s ‘Boosters’. À Bruxelles, Younes Boutara, bourré d’enthousiasme, est l’un des piliers historiques de l’initiative : « en matière d’ascension sociale, Boost est du gros calibre ! ».
Younes Boutara est, selon ses propres dires, un enseignant nomade. Tous les trois à cinq ans, il change d’établissement, à Bruxelles, pour y dispenser ses cours de mathématique. Cette manière de faire - strictement volontaire - nourrit sa pratique et sa passion pour l’enseignement. Le changement et la diversité sont même les points cardinaux de son engagement. En effet, cet ingénieur de formation a fondé autrefois, au Maroc, l’association DERBNA pour la solidarité et le développement humain, qui œuvre notamment dans le soutien scolaire. En 2006, il a aussi créé l’école de soutien scolaire FDI, installée à deux pas de la gare de Schaerbeek, qu’il aime qualifier de « clinique pédagogique » pour les élèves du secondaire en difficultés - ou pas - à l’école.
Autant dire qu’il connaît bien du monde dans les écoles de Bruxelles ! Une connaissance cruciale pour la mise en œuvre du programme de développement des talents Boost, auquel il participe depuis son lancement dans la capitale, en 2011. De la quatrième secondaire jusqu’à l’obtention du diplôme d’enseignement supérieur, Boost offre un accompagnement intensif à des jeunes au travers d’ateliers collectifs, d’un soutien scolaire personnalisé, de sorties culturelles, d’une bourse pour des cours de langues ou de sport, etc. Avec l’équipe éducative qu’il a progressivement créée (plusieurs professeurs et éducateurs-relais), Younes prospecte chaque année les écoles de la Région bruxelloise pour y dénicher les futurs Boosters dans les classes de troisième secondaire. « Quand Boost a été lancé par la Fondation Roi Baudouin et le Fonds Sofina Boël pour l’Éducation et le Talent, j’ai tout de suite senti qu’on était sur du « gros calibre » : un magnifique ascenseur social pour les enfants des familles fragilisées, dont beaucoup, à Bruxelles, sont issues de l’immigration. »
De minutieux préparatifs
Chaque fois qu’il arrive dans une nouvelle école, Younes constate la nécessité de promouvoir Boost auprès du corps professoral. « Les enseignants n’ont pas toujours le temps de s’intéresser à des initiatives comme celle-là. Quant aux directions, elles sont souvent noyées dans les circulaires ministérielles et la gestion de l’urgence. » Son travail (bénévole) commence dès le mois de janvier, en repérant des candidats ‘Boosters’ sur la base de leurs résultats scolaires et de leurs motivations, en collaboration avec les titulaires. Ensuite, il faut trouver une salle susceptible de rassembler jusqu’à 150 ou 180 élèves issus de plusieurs établissements différents. Et convaincre les parents hésitants. Certains méconnaissent le programme ou s’inquiètent pour leurs enfants (la bourse prévue n’est-elle pas pour les « pauvres » ?, quelles seront les fréquentations de leurs enfants mineurs ?...) ou à la perspective de voir leur très jeune ado s’envoler jusqu’aux… États-Unis pour des visites culturelles, académiques ou institutionnelles !
Chaque détail, dans ce genre de rencontre, a son importance, y compris les boissons et les croissants offerts aux élèves. « Ces petites attentions leur font sentir qu’ils sont reconnus, estimés, considérés. Pour certains, c’est la première fois de leur vie ! Et puis, c’est une sorte d’avant-goût de ce qui pourrait suivre s’ils sont sélectionnés par le jury. » Il faut également trouver des salles munies de PC, afin d’aider les jeunes motivés à compléter leur dossier de candidature : compléter un formulaire, attacher un fichier, scanner un document... « Tout cela est déjà un apprentissage en soi, y compris pour celles et ceux qui ne seront pas retenus. » Sans oublier la rédaction d’un petit texte d’autoprésentation : pas évident à 15 ou 16 ans ! Mais les professeurs et éducateurs-relais de Boost sont là pour les aider.
Destins boostés
« Je suis un ambassadeur et un chasseur de têtes », sourit Younes. Au printemps 2024, 83 jeunes Bruxellois.es ont été présélectionnés pour participer à Boost à partir de l’année scolaire 2024-2025. Le programme, hélas, n’a pu en retenir que 45, soit le nombre maximal actuel pour les cohortes francophones à Bruxelles. « J’aimerais en soutenir cinq fois plus ! J’ai vu des jeunes psychologiquement détruits, en rupture avec leurs parents et la société, renaître à l’idée d’intégrer Boost. Il y a quelques années, une des toutes premières lauréates m’a reconnu dans la rue. Elle a traversé la chaussée afin de me remercier chaleureusement pour tout ce qu’elle avait appris et était devenue. J’en ai encore des frissons ! ».
À propos du programme Boost
« Un magnifique ascenseur social pour les jeunes de milieux fragilisés. »
Depuis 2011, soutient et accompagne des jeunes talentueux issus de milieux fragilisés afin de maximiser leurs chances de réussite académique et professionnelle. Avec succès : le programme de développement des talents de la Fondation Roi Baudouin et du Fonds Sofina Boël pour l’Éducation et le Talent est aujourd’hui déployé dans neuf villes (Anvers, Bruxelles, Gand, La Louvière, Liège, Mons, Ostende, Verviers et en Communauté germanophone) et compte à son actif plus de 900 jeunes motivés. Ces jeunes affichent un taux de réussite moyen de 95 % dans l’enseignement secondaire et 98 % d’entre eux poursuivent des études supérieures les amenant sur le marché du travail. Boost se tourne avec détermination vers l’avenir : le programme ambitionne de s’implanter dans deux nouvelles villes au cours des trois prochaines années. Plus d’infos: www.boostfortalents.be
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